Archives de l’association Pandemonium, Reims, netgoth.info

1. Votre ressenti sur le concert de ce soir ? Une bonne impression. Le courant est passé avec le public et c’est l’essentiel.
2. Le concert de ce soir a-t-il une importance particulière ? Oui, bien-sûr. C’était le premier avec cette formation, le premier pour MVA, une autre facette de notre travail.
3. Comment définiriez-vous en quelques mots les trois phases de l’évolution de MVA ? À commencer par Herbo dou Diable… Nous nous laissons porter par nos envies du moment, véritablement ; c’est pour cela que nos trois albums ont une identité propre, avec différentes influences. Il est également essentiel pour nous que la musique accompagne le concept. Alors, afin de ne pas nous répéter, chaque sentiment est traité sous un autre angle s’il revient d’un album à l’autre.
4. Y a-t-il un thème récurrent dans vos textes ? La nostalgie, le poids du passé quel qu’il soit, mais aussi l’utilisation de métaphores physiques, le rapport corps-esprit, la force de persuasion de l’esprit sur le corps et la force du corps qui ramène l’esprit à la matière (voir son corps à travers le regard de l’autre, confrontation des corps entre eux et transformation du corps par l’esprit).
5. Quels seraient les films ou réalisateurs dont vous seriez susceptibles de vouloir retracer l’atmosphère par votre musique ? Guy Maddin ou James Ivory.
6. Qu’écoutez-vous en ce moment ? Pas mal de choses, les minimalistes, de la musique électronique, Eno, Autechre, du rock, les vieux Pink Floyd et du classique pour écrire : Rachmaninov, Borodin, Mahler…
7. Et il y a dix ans ? De la cold wave ou encore les Doors, les Stooges, les Sex Pistols…
8. Y a-t-il des influences, des groupes qui aient particulièrement compté pour l’écriture d’Antechamber ? Les groupes pré-cités en 6.
9. Le troisième album rompt avec ce que vous avez fait précédemment et tend vers une électronique plus minimaliste. Est-ce une volonté d’aller plus loin dans la transmission de l’émotion ? Oui tout à fait, de se remettre en question, trouver un autre langage, faire le tour d’une idée ébauchée précédemment.
10. Parlez-nous un peu de votre rencontre avec Kare Magnole ? Nous cherchions un ou une photographe pour élargir le visuel de MVA. Notre rencontre fut une coïncidence, car à ce moment-là, quelqu’un de proche vivait avec Kare. Nous avons tout de suite accroché sur le plan artistique et humain.
11. Qu’est-ce qui caractérise, pour vous, le mieux le fruit de cette rencontre ? L’envie d’aller dans le même sens et surtout le fait que nous avons chacun trouvé dans le travail de l’autre quelque chose de soi, une ambiance familière.
12. Combien de temps a pris l’écriture d’Antechamber ? À peu près un an.
13. Selon vous, où vous situez-vous par rapport à la scène gothique ? Nous n’aimons pas nous « situer ». S’enfermer dans un mouvement, c’est prendre le risque de s’essouffler, contraindre sa musique mais également l’auditeur. Bien-sûr, notre musique, nos textes possèdent des éléments communs au gothique, mais comme bien d’autres artistes qui finalement ne sont jamais reliés à celui-ci. Est-ce le côté folklorique qui fait la différence ? Ce n’est pas notre cas. Pourquoi Baudelaire et pas Rimbaud ? pourquoi pas Houellebecq ? Si l’on joue à ce jeu là, tout se réduit et plus rien n’a de sens. Nous nous considérons simplement comme un groupe indépendant.
14. Que pensez-vous de la scène gothique actuelle en général ? C’est là où il est un peu idiot de tout classifier, car nous constatons actuellement l’émergence d’une sorte de variété underground qui a fait sa place en utilisant quelques ficelles (imagerie macabre, voire fascisante, très soignée…). Or, il s’agit là de la même musique que l’on peut entendre dans n’importe quelle boîte. C’est pour cela que nous préférons le terme « indé », plus représentatif d’une envie de qualité. Que l’on ne se méprenne pas, nous ne faisons pas une scission entre ceux qui vendent beaucoup et ceux qui vendent moins, la différence n’est pas là. Nous parlons simplement de qualité.
15. Qu’aimeriez-vous dire aux gens qui n’aiment pas ce que vous faites ? Rien de spécial, nous faisons ce que nous aimons et cela ne se justifie pas.
16. Que représente pour vous une prestation live en général ? Pas de superflu, si show il y a, il doit réellement servir la musique, sinon il vaut mieux faire dans la simplicité.
17. Comment s’est posée la question d’établir un contact avec l’auditeur pour votre concert ? C’est réellement quitte ou double, on ne se pose pas la question, on y va et on voit. Il peut y avoir tellement d’interférences d’humeurs, de goûts, d’émotions entre nous et le public que nous ne réfléchissons pas par avance à l’attitude que nous aurons ; c’est là que serait l’erreur, trop chercher à plaire. Les gens ne sont pas idiots.
18. Les arts plastiques occupent une place importante pour vous. Comment comptiez-vous l’intégrer au concert ? Nous y allons doucement pour l’instant, car comme nous le disions tout à l’heure, il faut que l’ensemble soit cohérent et soulève la musique sans avoir l’air « rapporté ». Nous avons surtout voulu créer une intimité, rétrécissant la scène, répartissant la lumière de façon parcimonieuse, en particulier sur des morceaux tels que « 1901 » ou « Almadiva ».
19. D’autres concerts en prévision ? Oui, Marseille le 2 février 2002, Amsterdam le 30 mars 2002, Cognac, Zurich… plus de précisions à venir sur le site.
20. Emmanuelle va sortir un recueil de textes l’année prochaine. Pouvez-vous nous en dire plus, à savoir s’il est lié ou non à l’univers de MVA ? E.D : Il y a forcément des points communs sur les thèmes abordés, mais aucun des textes présents sur le recueil n’a été utilisé pour Morthem. Ils n’ont pas le même rythme, la même construction.
21. En quoi le travail sur ces textes diffère-t-il de ceux du groupe ? E.D : Le contexte de travail est différent, je n’ai pas à tenir compte du chant. Et puis il y a aussi parfois dans MVA l’utilisation de personnages, comme dans Herbo où le protagoniste principal est une hypothétique transposition de nous-mêmes (nous deux) dans le futur, ce que nous ne voudrions pas devenir. J’ai inclus dans cette histoire certaines de mes peurs, de mon vécu en les transformant, en recréant pour le narrateur une vie qui lui est propre. Cela tient plus du concept. Dans ce recueil, chaque texte est à part, je ne cherche pas à établir une continuité entre eux. Je pense aussi que la mise à nu est plus marquée.
22. Quelle est votre drogue favorite ? L’association du café et de la cigarette.
23. Admettons que Dieu existe, qu’aimeriez-vous qu’il vous dise lorsque vous arriverez au Paradis ? Si nous admettons cela, ses premiers mots ne pourraient être que : « Vous vous êtes bien plantés, j’existe… »
24. Le son, le bruit que vous aimez ? Les miaulements de nos chats !!.
25. Quel homme ou femme souhaiteriez-vous voir figurer sur un nouveau billet de banque ? Nous ne serions pas spécialement heureux de voir une personnalité que nous aimons sur un billet de banque. Imaginons plutôt le logo d’Universal !!
26. Quel est le principal trait de votre caractère ? Nous prenons facilement du recul.
27. Votre rêve de bonheur ? Ce serait de pouvoir apprécier pleinement les moments de bonheur, sans penser à la suite, sans penser au fait qu’ils n’existent que parce qu’ils sont brefs.
28. Vos poètes favoris ? Cendrars, Artaud, Verlaine, Rimbaud.
29. Avez-vous une devise ? « On a toujours le choix ».
30. Comment aimeriez-vous mourir ? Surtout pas seuls.







English Translation of the Interview
Interview with Morthem Vlade Art / Paris, La Locomotive / November 2001
Archives of the Pandemonium Association, Reims, netgoth.info
- How did you feel about tonight’s concert? A good feeling. We connected with the audience, and that’s the most important thing.
- Does tonight’s concert have a special significance? Yes, of course. It was the first one with this lineup, the first for MVA, another facet of our work.
- How would you define the three phases of MVA’s evolution in a few words, starting with Herbo dou Diable…? We truly let ourselves be guided by our current desires; that’s why our three albums each have their own identity with different influences. It’s also essential for us that the music supports the concept. So, to avoid repeating ourselves, each feeling is treated from a different angle if it reappears from one album to the next.
- Is there a recurring theme in your lyrics? Nostalgia, the weight of the past whatever it may be, but also the use of physical metaphors, the body-mind relationship, the mind’s power of persuasion over the body, and the body’s power to bring the mind back to matter (seeing one’s body through the eyes of another, the confrontation of bodies with each other, and the transformation of the body by the mind).
- Which films or directors would you be likely to want to capture the atmosphere of with your music? Guy Maddin or James Ivory.
- What are you listening to right now? A lot of things: minimalists, electronic music, Eno, Autechre, rock, old Pink Floyd, and classical music for writing: Rachmaninoff, Borodin, Mahler…
- And ten years ago? Cold wave, or The Doors, The Stooges, The Sex Pistols…
- Were there any particular influences or bands that were important for the writing of Antechamber? The bands mentioned above in number 6.
- The third album breaks with what you’ve done before and leans towards a more minimalist electronic style. Is this a desire to go further in conveying emotion? Yes, absolutely. It’s about questioning ourselves, finding another language, and exploring an idea that was previously sketched out.
- Tell us a little about your meeting with Kare Magnole. We were looking for a photographer to expand MVA’s visual universe. Our meeting was a coincidence because, at that time, someone close to us was living with Kare. We immediately clicked on both an artistic and human level.
- What best characterizes the result of this collaboration for you? The desire to move in the same direction and, above all, the fact that we each found something of ourselves, a familiar atmosphere, in the other’s work.
- How long did it take to write Antechamber? About a year.
- In your opinion, where do you stand in relation to the Gothic scene? We don’t like to « position » ourselves. Locking oneself into a movement means running the risk of running out of steam and constraining your music and also the listener. Of course, our music and our lyrics have elements in common with Gothic, but so do many other artists who are ultimately never linked to it. Is it the folkloric aspect that makes the difference? That’s not our case. Why Baudelaire and not Rimbaud? Why not Houellebecq? If you play that game, everything gets reduced and nothing makes sense anymore. We simply consider ourselves an independent band.
- What do you think of the current Gothic scene in general? This is where it’s a bit silly to classify everything, because we are currently seeing the emergence of a kind of underground variety that has made a name for itself by using a few tricks (macabre, even fascist-like, very polished imagery…). However, the music is the same as what you can hear in any nightclub. That’s why we prefer the term « indie, » which is more representative of a desire for quality. Don’t get me wrong, we’re not making a split between those who sell a lot and those who sell less; that’s not the difference. We’re simply talking about quality.
- What would you like to say to people who don’t like what you do? Nothing special, we do what we love and that doesn’t need to be justified.
- What does a live performance generally represent for you? No frills. If there is a show, it must truly serve the music, otherwise it’s better to keep it simple.
- How did the question of establishing contact with the audience for your concert come up? It’s really all or nothing. We don’t ask ourselves the question, we just go for it and see what happens. There can be so many interferences of moods, tastes, and emotions between us and the audience that we don’t think in advance about the attitude we will have; that would be the mistake, trying too hard to please. People aren’t stupid.
- Visual arts hold an important place for you. How did you plan to integrate them into the concert? We’re taking it slow for now, because as we said earlier, the whole thing must be coherent and elevate the music without looking « tacked on. » We especially wanted to create intimacy, by narrowing the stage and distributing the light sparingly, especially on songs like « 1901 » or « Almadiva. »
- Any other concerts planned? Yes, Marseille on February 2, 2002, Amsterdam on March 30, 2002, Cognac, Zurich… more details to come on the website.
- Emmanuelle is releasing a collection of texts next year. Can you tell us more, specifically whether or not it’s linked to the MVA universe? E.D.: There are bound to be common themes, but none of the texts in the collection were used for Morthem. They don’t have the same rhythm or structure.
- How does the work on these texts differ from the band’s? E.D.: The working context is different; I don’t have to take the singing into account. And sometimes in MVA, there’s the use of characters, like in Herbo, where the main protagonist is a hypothetical transposition of ourselves (the two of us) in the future—what we wouldn’t want to become. I included some of my fears and experiences in this story, transforming them and recreating a life of its own for the narrator. That’s more of a concept. In this collection, each text is separate; I’m not trying to establish a continuity between them. I also think the baring of the soul is more pronounced.
- What’s your favorite drug? The combination of coffee and cigarettes.
- Let’s say God exists. What would you like him to say to you when you get to Heaven? If we admit that, his first words could only be, « You were way off, I do exist… »
- The sound, the noise you love? The meows of our cats!!
- Which man or woman would you like to see on a new banknote? We wouldn’t be particularly happy to see a personality we like on a banknote. Let’s imagine the Universal logo instead!!
- What’s your main personality trait? We easily take a step back.
- Your dream of happiness? It would be to be able to fully appreciate moments of happiness without thinking about what comes next, without thinking about the fact that they only exist because they are brief.
- Your favorite poets? Cendrars, Artaud, Verlaine, Rimbaud.
- Do you have a motto? « You always have a choice. »
- How would you like to die? Not alone, above all.